Premier Empire

En octobre 1808, les ateliers Jacob Desmalter et Cie livre pour la bibliothèque (ou cabinet de travail) de l’Empereur un bureau mécanique. Destiné à l’usage personnel du souverain, ce bureau plat comporte un caisson simulant tiroirs et casiers et dont un long côté s’ouvre pour former une tablette. Par un jeu de ressorts et de coulisses, les deux plateaux se meuvent simultanément et en sens contraire d’une simple pression. Le mécanisme aurait été mis au point par l’Empereur lui-même pour son bureau des Tuileries alors qu’il n’était que Premier Consul. Très satisfait de ce système permettant de fermer et verrouiller rapidement sa table de travail, l’Empereur en commande d’autres exemplaires pour plusieurs de ces palais. Les formes rectilignes du bureau sont accentuées par les traverses inférieures reliant quatre pieds cintrés en « cuisse de chimère » stylisées. Aux griffes de lions sont substitués des petits socles à doucine. Les ornements en bronze doré représentant chevaux marins, lions ailés, palmes et couronnes mettent en valeur les tons chauds du placage d’acajou.

Dépôt du Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau

Ce type de meuble associé à la toilette apparaît à la fin du XVIIIe siècle. Il sera très apprécié dans les intérieurs du XIXe siècle. D’un grand raffinement, ce « miroir de toilette à la psyché » fut livré à Compiègne à la fin de l’année 1808 pour la chambre à coucher de l’appartement de prince souverain, dévolu en 1811 au Roi de Rome, fils de Napoléon. La forme ovale de son miroir est alors rare. Le montant est orné de deux sphinges en bois sculpté, peintes de façon à imiter la patine du bronze antique. Elles supportent deux carquois an acajou terminés de flèches en bronze doré et complétés de bras de lumière que devait refléter le miroir. Dans la partie inférieure, de fins rinceaux dorés prolongent deux cornes d’abondance qui forment comme une queue aux deux sphinges. Ces motifs inspirés de la nature s’harmonisent avec les boiseries richement sculptées du XVIIIe siècle toujours conservées dans la pièce. Outre ce meuble remarquable, l’ébéniste Marcion fournit une commode, un somno et les sièges en bois doré de cette chambre à coucher au décor particulièrement luxueux.

Réalisé par Jacob-Desmalter, ce lit en bois doré présente en devanture le décor symbolique d’un arc dont la corde est détendue. Le baldaquin à double corniche, surmonté de l’aigle impérial, a été reconstitué d’après des documents d’époque. Le décor de la chambre à coucher de l'Empereur a été endommagé à la suite d'un incendie, en 1919.